Conférence Quantum Matter 2025 : Grenoble au sommet de l'écosystème français du quantique

Grenoble, désormais un hub quantique de premier plan

Grenoble, déjà bien connue pour ses synergies formation-recherche-industrie créatrices de valeur dans le domaine de la microélectronique depuis plus de 30 ans, figure aujourd’hui dans le top 3 des hubs quantiques français, aux côtés de Paris et Saclay.

Cette ascension s’appuie sur une concentration exceptionnelle de compétences, d’infrastructures et d’initiatives autour des sciences et des technologies quantiques. Le programme QuantAlps, qui fédère 20 laboratoires de recherche, MIAI (Multidisciplinary Institute for Artificial Intelligence), qui élargit désormais son spectre au quantique, le pôle de compétitivité des micro-nano technologies Minalogic, ainsi que le projet QuanTEdu-France, piloté depuis Grenoble, qui structure la formation supérieure au quantique à l’échelle nationale, confirment la place de Grenoble au premier plan du nouveau paysage quantique. Tout ceci est aujourd’hui fédéré au sein de la Maison du Quantique.

Des thématiques de pointe au cœur de l’écosystème quantique

L’édition 2025 de Quantum Matter à Grenoble a réuni étudiants, doctorants, chercheurs, fondateurs de start-ups, fournisseurs de technologies habilitantes et industriels autour de thématiques de pointe : matériaux quantiques, capteurs, simulation, intelligence artificielle, topologie, logiciels et protocoles de communication quantique.

En effet, si le développement et l’industrialisation des bits quantiques – qubits – fait régulièrement la une, la réussite des technologies quantiques se jouera sur l’émergence d’un écosystème solide sur toute la chaîne de valeur des futurs systèmes de calcul et de communication.

Les défis de la construction d’une filière quantique cohérente

Une table ronde particulièrement attendue a mis en lumière les défis de la construction d’une filière quantique cohérente en attendant le passage à l’échelle industrielle des cas d’usage concrets – chose qui n’est pas encore une réalité, a rappelé l’un des intervenants.

Selon Luca Planat, fondateur de Silent Waves, une start-up spécialisée dans les amplificateurs ultra-bas bruit pour laboratoires d’informatique quantique, « la proximité et la collaboration avec les start-ups sont essentielles pour faire émerger des solutions adaptées à ce marché qui est aujourd’hui un marché de niche ». Les start-ups comme Silent Waves pourront à terme devenir des fournisseurs de technologies, mais uniquement à condition de pouvoir collaborer avec les organismes de recherche et grands groupes sur les cas d’usage émergents.

Un écosystème qui couvre toute la chaîne de valeur

La filière quantique à Grenoble bénéficie d’un écosystème qui couvre toute la chaîne de valeur, avec des start-ups comme Quobly qui a signé un partenariat d’envergure avec STMicroelectronics pour l’industrialisation de son processeur quantique sur silicium, ainsi que des fabricants de composants, d’équipements et de fournitures de pointe pour les futurs systèmes quantiques comme Radiall, qui se positionne sur les solutions de connectivité, ou encore Air Liquide, qui fournit des solutions cryogéniques, pour accompagner la transition du laboratoire vers les applications industrielles.

Martin Staempflin, Directeur des Technologies et des Marchés chez Air Liquide Advanced Technologies, nous précise que : « Nous développons dès aujourd’hui les technologies et infrastructures cryogéniques essentielles aux futures fermes quantiques. Nous intégrons les contraintes de demain en matière de disponibilité, de coût et d’efficacité énergétique. Parallèlement, nous explorons de nouveaux modèles économiques, comme le cold as a service (froid en tant que service), pour que nos clients opérateurs puissent acheter du froid et que la cryogénie devienne transparente pour l’utilisateur final de l’ordinateur quantique. »

Laurent Petit, en charge de l’innovation dans le domaine des systèmes micro-ondes et radiofréquence chez Radiall, souligne la nécessité d’une adaptation réciproque entre chercheurs et industriels : « L’innovation quantique exige plus que de la coopération : elle demande une adaptation réciproque. Les technologies évoluent vite, les attentes changent. Il faut apprendre à travailler ensemble, à partager les bancs de test, à co-développer ». Un exemple frappant chez Radiall : le projet QRYOLink, où il a fallu plusieurs mois pour aligner les spécifications RF entre fabricants de cryostats et développeurs de qubits. « Ce qui fonctionne à température ambiante ne se comporte pas de la même manière à 10 millikelvin », a-t-il rappelé.

Le rôle de Minalogic dans la démystification du quantique

Comme l’a rappelé Hervé Ribot, Directeur Technique micro-nano électronique et quantique à Minalogic le pôle a élargi son champ d’action pour aider ses adhérents à s’approprier le quantique. Le pôle s’est donné pour objectif de décrypter les annonces et publications qui sont faites en quantique, dans le contexte d’une concurrence mondiale foisonnante. « Avec l’aide des scientifiques de QuantAlps et un vulgarisateur, Olivier Ezratty, nous permettons à chacun de comprendre la maturité des technologies, parfois émergentes, parfois industrielles et qualifiées, et donc utilisables immédiatement. » Pour une entreprise ou un laboratoire qui souhaite se positionner en tant que fournisseur de solutions pour le quantique, ou en utilisateur de solutions quantiques, Minalogic s’engage à fournir les éléments nécessaires pour une prise de décision éclairée. Mission que le pôle entend assurer en lien étroit avec la Maison du Quantique.

Les grands industriels ne sont pas en reste. Air Liquide, Soitec, Thales, Teledyne e2v, Radiall, Lynred – sans oublier les géants internationaux comme Google, Apple, HPE ou Orange – participent activement à la structuration de la filière.

Une nouvelle ère industrielle et numérique

Grenoble Alpes réunit tous les atouts nécessaires pour la réussite des acteurs du quantique. Comme l’explique Céline Jullien, chargée d’attractivité économique internationale à l’agence Grenoble Alpes, qui animait cette table ronde, « Le quantique, ce n’est pas juste un nouveau domaine, mais réellement une nouvelle ère industrielle et numérique. Les transformations à venir sont majeures, technologiques, économiques, et sociétales. À l’échelle internationale, on compte une quinzaine d’écosystèmes quantiques nationaux en croissance rapide. L’écosystème de Grenoble Alpes a toute sa place, et un rôle pionnier à jouer, ADN de notre territoire depuis toujours ».